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Voyage français

14 décembre 2019

Oasis

Depuis toujours, je cherchais des oasis.

Des endroits protégés où règne la sérénité, où je pouvais me recueillir, me ressourcer et retrouver ma spiritualité.

Ce sont des endroits où on est à la fois présent et absent en même temps. On est ici mais pas tout à fait. On s’absente, on est ailleurs.

Depuis toujours, je voulais être ailleurs, comme si je n’appartenais pas au territoire, au sol.

Donc je fuyais, je fuyais pour fuir le territoire.

Jusqu’au jour où le territoire s’est révélé être en moi.

 

Moi étant lui et lui étant moi.

Lui me constituant, constituant mon corps, mon cerveau, ma mémoire, mes émotions.

 

Mais chose étrange, ce n’est que lorsque je suis retournée au territoire que je m’en suis libérée.

J’ai reconnu sa force, mais ce territoire, il n’est pas le seul, ce n’est pas le seul des territoires que j’ai habité.

 

Il fallait retourner pour s’en libérer.

Pour aller de l’avant, il fallait retourner.

 

Maintenant je suis étrangère sur mon territoire. c’est le rôle qui me correspond le plus.

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13 novembre 2019

C'est la langue française qui est mon bouclier

C’est la langue française qui est mon bouclier.

C’est elle qui me protège contre toute attaque.

Dans notre chambre d’hôtel qui est l’appartement qu’on occupe, la maman de cette petite famille est une personne qui garde son esprit et qui ne pète pas les plombs.

Comment ? Vous diriez, Comment elle tient debout ?

 

Je parle en français. Je réfléchis en français.

C’est le français qui me permet de ne pas être vulgaire. C’est le franàais qui m’aide à soigner la grazia in me stessa.

C’est le français qui me permet d’être épanouie, d’activer la facette de ma personnalité qui est en même temps poétique.

C’est le français qui en est la clé.

Avec le français, le quotidien se vêtit d’une autre dimension.

Une dimension qui chasse la banalité.

 

J’ai trouvé la clé pour remédier aux circonstances qui m’entourent dans cette chambre d’hôtel trop petite.

Le remède dont j’ai besoin, c’est le gallicisme mental.

Mon remède, ce sont des mots françaises et italiennes.

Je puise dont des dictionnaires monolingues, en cherchant l’étymologie des mots, leur définition, leur explication.

Chaque jour j’invente le mot du jour. Les mots, ce sont des passeurs mystérieux de l’âme, selon Victor Hugo.

Les mots me rendent visite pendant la journée, je note le mot et le soir ou la nuit, je cherche leur signification dans les deux dictionnaires, le français et l’italien. Je m’amuse à découvrir la différence de l’explication du même mot entre le français et l’italien.

Je ne cherche point le mot dans le dictionnaire croate.

 

A l’aide du français, je contrôle mes pensées. Je ressens très vite lorsqu’un mot croate est inapproprié, trop vulgaire. Je ne le prononce pas. Je cherche un équivalent en français.

J’essaie de dire la même chose d’une autre manière.

D’une manière plus belle, plus joyeuse, plus subtile.

 

Dieu merci, tous ces livres que j’ai lus… ce n’était pas en vain !

5 octobre 2019

Opatija, c’est mon Paris au bord de la mer

Tout y est de Paris : de belles demeures Belle Epoque, des Grands hôtels, la beauté, le chic, le fric, des garçons de café vêtus en noir et blanc, comme à Paris, des gâteaux, des cafés, on peut y trouver même des croissants à la française, on peut y parler français avec des touristes, on peut y écouter du jazz.

C’est international, c’est ancien, on y sent le passé glorieux et en plus, c’est au bord de la mer.

C’est comme Nice et en plus : c’est mon chez moi:-)

Moi je suis allée au bout de la terre (Paris, c’est le plus au Nord possible que mon organisme est capable de suivre), j’étais à mon Finis terrae pour me rendre compte à la fin que je me sens le mieux à Opatija, justement là où j’avais vécu pendant dix ans !

 

27 juin 2019

Lettre à un ami

Si Dieu ne t’a pas ôté la vie, c’est pour toi un grand signe : il a d’autres projets pour toi. Il veut que tu vives ! Et pour une raison que pour l’instant, c’est lui seul à la connaître.

Surtout, n’aie pas peur de la vie. C’est la vie elle-même qui te protégera. Oui, it’s not a cherry pie et la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie ; André Malraux avait raison.

Tu sais, j’étais comme toi il y a 22 ans. Et 22 ans plus tard, je me retrouve guérie, avec un enfant.

N’aie pas peur des autres, de ce qu’ils vont dire. « Ti viene data solo una piccola scintilla di follia : non devi perderla. » ; a dit Robin Williams.

Le fait que tu as tombé malade, cela veut dire que tu es une âme fragile. Les âmes fragiles ont faible probabilité de survivre.

Mais ne t’inquiètes pas : « Regardez les oiseaux de ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent point dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez vous pas beaucoup plus d’eux ? »

Tu sais, Dieu t’a crée pour une raison. Confie en lui. N’essaie surtout pas de contrôler tout : laisse-lui de l’espace pour qu’il puisse venir t’aider. Ouvre-lui la porte de ton coeur, de ton âme.

Personnellement, la foi m’a aidé énormément lorsque j’étais comme toi : Ouvre-toi à cette main forte sur laquelle tu peux t’appuyer.

Tu grandiras. Tu feras connaissance des nombreuses personnes. Ces personnes vont t’apporter une étincelle, une énergie se déclenchera en contact avec toi.

Toi tu es quelqu’un d’important pour Dieu, la nature, planète Terre. Tu es un être vivant, porteur de vie. Et tu es fragile : ta vie est d’autant plus précieuse. Tu peux te féliciter d’être comme tu es : tu es magnifique.

Peut-être pendant de nombreuses années à venir tu ne croiras pas d’être une personne précieuse, mais le temps va t’apporter des réponses : tu comprendras. Tu te rendras compte de ta valeur.

Sois patient avec toi-même.

Ose être différent. Tu n’es pas le seul à l’être. Sois fier d’être différent.

Il y a une solution à tout. Même quand tu ne la voies pas, il y a une solution à tout. Ce que je peux te dire : une chose mène à l’autre. Une action positive en engendre une autre.

Le deuxième, le prochain pas à prendre n’apparaîtra qu’après le premier pas dans l’inconnu : cela s’appelle le saut quantique.

Avoir peur de ceci, avoir peur de cela..et quand est-ce que vivras-tu ? La vie n’est pas la répétition générale. On est ici pour vivre, pas pour apprendre à vivre.

Tu es plus fort de ce que tu crois. Et pas « tout à son temps », mais « tout à ton temps » !

Le rythme est le respire de l’univers. Le rythme est tout autour de nous.

Ta vie es un hymne à la vie. Ne cherche pas la sécurité : elle n’existe pas. La vie est changeante.

Tu es en train de renaître. C’est bien de renaître. On s’invente. « Renaître n’a jamais été au-dessus de mes forces », disait Collette.

Quand on change, on es au rythme de la vie. Quand on es immobile, quand on refuse d’emboîter le pas de la vie, on ne va pas dans le rythme.

Come non celebrarti, vita ?

Rappelle-toi : à présent, il peut te sembler d’être en retard, mais non : tu es tout simplement en train de renaître, d’apprendre des choses nouvelles : sur toi, sur les autres, sur la vie.

Tu es le plus grand miracle après le big-bang ! Tu portes dans ton organisme des milliers de cellules, ton cerveau est inventif ! Tu es capable de bouger- ne pense pas que tu dois rester cloué sur place. Ne sois pas prisonnier d’une vision du monde qui te limitera.

Fais des exercices, muscle ton corps : if you want to move your mind, just move your body. Si tu aime la musique, elle aussi peut t’aider.

 

Et rappelle-toi : if you have ghost, you have everything !

 

14 avril 2019

Opatija oasis

Il y a des endroits qui sont les oasis, les havres de païx où l’esprit s’échappe. Opatija est l’un d’eux.

A Opatija, les gens ne sont pas pressés.

Lorsque tu te promènes à Opatija, c’est comme si tu n’avais pas de problèmes. On sent que le poids de la vie est de l’autre côté de la presqu’île, à Rijeka.

 

Opatija offre l’espoir.

 

J’aime Opatija car on y trouve des gens du XXe siècle.

A Opatija coexistent deux dimensions parallèles, le passé et le présent.

C’est là où on peut trouver le passé du XXe siècle et des histoires des tourbillons de guerres.

C’est là où viennent les personnes âgées. Ce sont ses hôtels et ses palais Belle Epoque qui les apellent, qui leur parlent, qui évoquent leurs souvenirs. Je me rends compte qu’ils choisissent d’y venir parce que cet endroit est leur habitat naturel, car leurs histoires sont liées et font partie des tourbillons des guerres du XXe siècle.

 

Opatija est pleine d’histoires.

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7 mars 2019

Pourquoi la France ?

Parce que je cherchais une partie importante de moi-même que je ne pouvais pas trouver dans ma région natale. Mon esprit, mon âme cherchait à s’envoler plus loin. En France j’ai trouvé cette partie de moi-même. Ce moi raffiné, poétique.

Ce moi qui, si j’étais née dans un autre endroit et dans un autre temps, serait Mademoiselle dans un bel appartement qui lirait et écrirait, bien habillée, préparant des plats raffinés, parlant tous les jours une langue romane. Cette Mademoiselle parlerait littérature, mettrait des parfums, voyagerait en Toscane et en Provence, vivrait l’art ;

C'est étrange, tu vois...

j’ai réussi à créer cette Mademoiselle, lui faire l’espace : par des mots, par des livres, par l’écriture, par les plats que je prépare, par mon mode de vie poétique. C’est la langue française qui me l’a permis : avec la langue française je suis devenue une autre personne, quelqu’un d’autre.

Avec la langue française, la cuisine et l’écriture JE CONTINUE A VOYAGER dans mon imagination.

Je prépare des crumbles, je les marie aux ingrédients que je trouve ici.

J’échappe à la langue slave de sud qui m’entoure. Je crée mon petit monde à moi.

Dans mon petit univers, je ressens cette Mademoiselle qui est en moi. Je ressens cette poésie française qui m’imprègne, ce raffinement. Je m’approche aux boulangeries-pâtisseries françaises où il fait bon vivre.

Heureusement, ici on est à proximité de l’Italie, pays latin, avec leur bon café (meilleur qu’en France) et des brioches (croissants italiens).

28 février 2019

La lumière dans la chambre d'hôtel, notre logement

J’écris sous la lumière de Carvage de ma lampe de chevet,

dans notre petit monde,

dans notre chambre d’hôtel qui n’est nulle part, d’accord,

mais surtout pas ici,

tandis qu’on entend, Jacques et moi,

plutôt moi car Jacques dort,

les fanfares du carnaval,

carnaval qui ne représente rien pour moi,

même pas une distraction ;

carnaval que je ne partage pas,

moi étrangère, éternelle étrangère,

même dans la ville de ma naissance.

 

 

27 février 2019

Ce que c'est qu'une langue

Une langue est comme un nouveau rêve, inexploré. Une langue est un rêve dans lequel nous pouvons choisir des mots et embellir chaque jour, la vie durant. Dans une langue, on peut être quelqu’un d’autre. Dans une langue on peut se transformer infiniment, changer et réinventer notre identité. Et ce sera pour nous toujours intéressant, beau et agréable !

Une langue est un rêve, nouvel ami, ami intéressant.

Jouons avec la langue, inventons des histoires, créons !

Une langue est la promesse qu’un monde tout nouveau nous attend.

 

Pour moi, la langue française est poétique, telle une langue magique pour un enfant : personne me comprend:-)

Cet émerveillement dure toujours. La langue française est mon jardin secret.

20 février 2019

« Tout commence par une interruption » Paul Valéry

J’ai interrompu ma vie à plusieurs reprises. C’étaient de brusques interruptions, des interruptions drastiques.

Je changeais de pays (de Croatie en Italie, de l’Italie en Croatie, de France en Croatie).

Je changeais brusquement le mode de vie aussi. Je quittais la France pour venir en Croatie, de nombreuses fois. Ces deux pays sont d’une telle différence que cela crée la nostalgie pour la France, une nostalgie qui rentre dans ton sang, qui devient ta compagne fidèle.

Mais ce qui s’est passé à moi lors de la dernière grande interruption, ce n’est pas que le changement de mode de vie - c’est un saut quantique : en 2016, à 41 ans, j’ai dit NON.

Depuis des années je me préparais pour ce non, j’espérais qu’un jour je pourrais dire non.

Et je l’ai dit.

En fait, j’ai pris ma décision le 5 janvier 2016, en rentrant de Croatie en France. On se dirigeait en bus vers cette frontière qui est la mienne, la triple frontière slave-germanique-romane. Je me rappelle, j’étais dans le bus Fiume-Trieste, il faisait encore nuit, c’était très tôt le matin. Dans mes oreillettes, j’écoutais Franco Battiato (Alexander Platz).

J’avais un signe pour me décider à dire non : mon coeur battait de manière incontrôlable, dû à la thyroïde. Pour moi c’était le signe que le moment est venu, que le corps ne peut plus continuer de cette manière, suivre ce mode de vie qui consistait en déménagements constants. J’ai écouté ce signe et j’ai dit NON.

Ce NON, je l’ai payé, je paie toujours le prix de ce non. J’étais prête à payer le prix.

Pourquoi je parle du saut quantique et pas d’un simple changement ?

Car ce NON comportait la perte de travail, la perte à jamais de retourner vivre en France, la perte de la dignité et du respect des autres, même ceux les plus proches.

A Fiume, il fallait tout recommencer, il fallait tout construire, trouver du travail à moi-même et à mon mari, trouver le logement, l’équiper. Une nouvelle vie.

C’est ainsi après une interruption.

Quand on se permet de dire NON aux Dieux.

Quand on dit « Je ne peux plus endurer ».

Quand on ose dire non, on paye le prix.

Mais dans ce recommencement, il s'est passé quelque chose. Souvent on ne sait pas si on s’est trompés ou pas, si le risque qu’on a pris vaut le coup ou pas, parce qu’on ne sait pas où nous emmènera ce tournant que notre chemin a pris et le risque qui l’accompagne.

Mais une chose est sure, j’en suis convaincue : « Sbagliando si inventa. »(Gianni Rodari), c’est à dire, quand on se trompe, en même temps, on invente.

Ainsi moi j’ai inventé une nouvelle vie : notre enfant Jacques est né exactement 3 ans après, le jour même où j’ai décidé que moi aussi j’ai mon mot à dire, de dire NON.

13 février 2019

Le regard des gens de Sud

Moi je suis née au Nord du Sud, à l’Adriatique de Nord qui n’est pas la Méditerranée, comme ne l’est Venise non plus. Je ne me rendais pas compte de ces origines qu’à partir du moment où je suis partie vivre dans le Nord. J’ai vécu d’abord à Zagreb, ensuite à Padoue, puis à Strasbourg et enfin à Paris.

Ce n’est qu’à Paris que j’ai commencé à apercevoir, reconnaître dans la rue les gens de Sud. Je ne sais pas comment, mon œil pouvait discerner les personnes qui sont liées à la mer. Dans la rue, dans le métro… partout. Je sentais la mer (A cette époque, je me questionnais moi-même : est ce qu’il est resté un peu de mer en moi-même? Je sentais avoir perdu mon côté maritime. La mer me manquait cruellement.)

Quand j’habitais en France, j’ai saisi l’occasion de partir en Corse, c’était mon rêve de voir Bonifacio. Donc, à Paris, on a pris l’avion pour Ajaccio, c’est là-bas où j’ai commencé à apercevoir LE regard des gens de la Méditerranée. Mon mari qui est de Sud, du vrai Sud, le décrive de cette manière : » Le regard de ces gens, c’est comme si eux t’aideront et te voleront en même temps. » J’ai VU ce regard.

Du retour dans le Sud (A l’Adriatique de Nord mais c’est le Sud par rapport à la France) j’ai vu à l’arrêt de bus des Italiens de Sud qui viennent ici pour aller chez le dentiste. Eux ils avaient ce regard, ce même regard. C’est un regard très perspicace. Un regard qui scane, un regard qui pénètre jusqu’à l’essentiel. Un regard qui voit clairement. Il n’y a rien de tendre ni de romantique dans ce regard, comme dans la chanson de Jovanotti : « Io ti offro verità, corpo, anima e cervello. »

Moi je reconnais ces personnes et quand je les regarde, ils me voient aussi. Peut-être on a le même regard. Peut-être à force de voyager et de déménager pendant des années, ce regard est devenu aussi le mien.

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