La vie est un voyage.
Quand j’écoutais la radio croate troisième programme (genre France culture) dans ma petite chambre louée à Zagreb en 1994/95, l’émission racontait l’histoire d’un écrivain du 20ème siècle. Il voyageait et traversait une frontière. Le douanier l’avait demandé : « Quelque chose à déclarer ? ». Il a dit »Non » . Pourtant, il traversait la frontière avec un bagage, immatériel mais important : son bagage intellectuel. J’ai gardé cette histoire en souvenir à jamais.
Maintenant, je te le dis, peut-être en écoutant cette émission j’ai souhaité savoir, sentir comment il le pense, cet écrivain-voyageur ? Parce que à l’époque, j’avais 18 ans, je ne comprenais pas. Moi, j’étais encrée, enracinée.
Pourtant, maintenant, je suis plus agée, j’ai beaucoup voyagé et déménagé et je comprends.
De retour à Rijeka
Je suis ici mais en même temps, je n’y suis pas du tout. Je suis ailleurs (Giuseppe Ungaretti connaissait cette sensation, dans le recueil l’Allegria).
RISVEGLI
Ogni moi momento
io l’ho vissuto
un’altra volta
in un’epoca fonda
fuori di me.
Cela me sauve. Etre, se sentir ailleurs, cela me fournit la distance nécessaire. Je m’y réfugie , par les livres, à Paris. Je m’y réfugie, dans la langue et la culture française.
Je m’en fous du fait qu’ici soit une autre culture. Moi je suis ancrée à jamais dans ma culture, ma culture française.
Moi je suis ailleurs.