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Voyage français
9 décembre 2017

Mon rapport avec la langue française

France, grand pays impérialiste et colonialiste, l’un des plus grands au monde. Moi j’écoutais sa langue, je m’imprégnais avec sa culture. De cette manière, une part de ce « faste » s’est transmis à moi aussi.

Parce que moi je suis d’origine modeste. Et pour pouvoir lupiti šakom o stol,

être une autorité et non seulement un enfant féminin mais aussi une femme qui a une tête et quelque chose dans la tête, une femme qui pense et réfléchit – il n’y avait pas d’autre qu’apprendre le français puisque ici peu de gens le savent.

Même maintenant, encore, après 10 ans passées en France, on me regarde encore comme une gamine. Et si je n’avais pas partie en France et que je ne parlais pas français ?

Même maintenant, avec toute mon expérience plus riche que la leur il ne me donnent pas l’occasion de dire presque rien, et en plus si je n’y étais pas là, en France ? Loše bi mi se pisalo.

Oui, tu peux dire que j’étais une fille de l’Est, née en Yougoslavie dans les années 70. Certainement que le luxe n’était pas au rendez-vous, il y avait des contes balkaniques pour les enfants qui étaient cruelles (je m’en souviens de la bibliothèque de mon village natal au bord de la mer), bien sûr que les contes français pour les enfants étaient plus doux. Bien sûr que le livre « Pollyanna » m’a affasciné, moi j’avais 11 ans lorsque j’ai commencé à le traduire.

Pour toi qui est allée en France pour la première fois à 16 ans (et un an avant en Italie, à 15 ans à Torino), pour toi c’était la beauté, le luxe, le fascinement du multiculturalisme. C’était encore au lycée, ça veut dire, un foyer, une maison avec maman et papa, la famille, les grand-mères et les tantes.

Le pire c’était la guerre et partir de la maison. Bien sûr que tu t’es refugiée dans les livres de cette mauvaise/brutta réalité nordique germanique, bien sûr que la Méditerrannée t’affascinait, tu ne savais rien de la vie, des hommes, des mâles. Expérience : zéro. Seulement intuition, rien qu’intuition pour t’aider, pour t’orienter, pour te guider. Bien sûr que tu voulais fuir de là, et tu l’as fait. Dieu, Dieu t’a sauvé la vie.

Et puis de nouveau la réalité, tu voulais retourner en France, pays de tes jours heureux. Et le chemin, tu l’as trouvé. Parce que tu étais encore libre, ma chérie. Heureusement.

Pour toi qu’en guerre lisais « Education sentimentale », qui était le dernier reste d’une riche librairie internationale d’autrefois, ce dernier livre, avec la reproduction d’un tableau qui représente une femme qui se promène par Tuileries, pour toi la France représentait le pays de la beauté, du chic et il ne pouvait pas être autrement, parce que tu étais une fille de l’Est.

Oui mais moi je n’ai jamais perdu ma part romane dans ce Nord. Je ne l’ai jamais perdu. Moi j’écoutais Lucio Battisti, personne ne me l’a conseillé.

Ce qui était décisif, c’est que j’étais brillante à l’école. Cela a ouvert mon chemin. Ce voyage à Torino, et puis ce voyage à Annecy étaient décisifs pour ma formation. De sorte que après, à l’Université, il me restaient ces beaux souvenirs, moi je ne pouvais pas accepter d’être là, à Zagreb, en guerre, en me souvenant comme est belle la gare de Venezia Mestre, où beaucoup de gens voyagent en païx. Je te le dis, ce qui était décisif était encore au lycée, cette couche heureuse a été incisé/entaillée dans mon expérience avant cette couche malheureuse. Cela m’a sauvé du point de vue psychique. Et aussi, le fait que je n’étais pas du tout consciente de mon corps. Heureusement !

Tu peux dire que je ne suis qu’une simple, que je ne suis qu’une fille de l’Est et que mon histoire soit juste une des nombreuses histoires des filles de ces années 90 mais...même en sachant que je sois une fille de mon temps, bien sûr que je le suis, toujours avec des bouts de papier dans mon sac à main, mais je crois que j’allais - contre courant.

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