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Voyage français
20 février 2019

« Tout commence par une interruption » Paul Valéry

J’ai interrompu ma vie à plusieurs reprises. C’étaient de brusques interruptions, des interruptions drastiques.

Je changeais de pays (de Croatie en Italie, de l’Italie en Croatie, de France en Croatie).

Je changeais brusquement le mode de vie aussi. Je quittais la France pour venir en Croatie, de nombreuses fois. Ces deux pays sont d’une telle différence que cela crée la nostalgie pour la France, une nostalgie qui rentre dans ton sang, qui devient ta compagne fidèle.

Mais ce qui s’est passé à moi lors de la dernière grande interruption, ce n’est pas que le changement de mode de vie - c’est un saut quantique : en 2016, à 41 ans, j’ai dit NON.

Depuis des années je me préparais pour ce non, j’espérais qu’un jour je pourrais dire non.

Et je l’ai dit.

En fait, j’ai pris ma décision le 5 janvier 2016, en rentrant de Croatie en France. On se dirigeait en bus vers cette frontière qui est la mienne, la triple frontière slave-germanique-romane. Je me rappelle, j’étais dans le bus Fiume-Trieste, il faisait encore nuit, c’était très tôt le matin. Dans mes oreillettes, j’écoutais Franco Battiato (Alexander Platz).

J’avais un signe pour me décider à dire non : mon coeur battait de manière incontrôlable, dû à la thyroïde. Pour moi c’était le signe que le moment est venu, que le corps ne peut plus continuer de cette manière, suivre ce mode de vie qui consistait en déménagements constants. J’ai écouté ce signe et j’ai dit NON.

Ce NON, je l’ai payé, je paie toujours le prix de ce non. J’étais prête à payer le prix.

Pourquoi je parle du saut quantique et pas d’un simple changement ?

Car ce NON comportait la perte de travail, la perte à jamais de retourner vivre en France, la perte de la dignité et du respect des autres, même ceux les plus proches.

A Fiume, il fallait tout recommencer, il fallait tout construire, trouver du travail à moi-même et à mon mari, trouver le logement, l’équiper. Une nouvelle vie.

C’est ainsi après une interruption.

Quand on se permet de dire NON aux Dieux.

Quand on dit « Je ne peux plus endurer ».

Quand on ose dire non, on paye le prix.

Mais dans ce recommencement, il s'est passé quelque chose. Souvent on ne sait pas si on s’est trompés ou pas, si le risque qu’on a pris vaut le coup ou pas, parce qu’on ne sait pas où nous emmènera ce tournant que notre chemin a pris et le risque qui l’accompagne.

Mais une chose est sure, j’en suis convaincue : « Sbagliando si inventa. »(Gianni Rodari), c’est à dire, quand on se trompe, en même temps, on invente.

Ainsi moi j’ai inventé une nouvelle vie : notre enfant Jacques est né exactement 3 ans après, le jour même où j’ai décidé que moi aussi j’ai mon mot à dire, de dire NON.

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